Elle aimait la montagne


Les pics rocheux qui frôlent le cosmos, la lune, les nuages ondulés, le ciel obscur, les sols boueux, la randonnée, les herbes folles, les crampons, l'équipement d'escalade, les sangles en boudins, les mousquetons, les souliers serrés, le souvenir des daims près de la maison verte et cette liberté indicible des hauteurs, de l'espace infini, de l'air frais, de la brise sèche. Le vent du Sud, la solitude, les pistes qui tortillent, le petit sac de noix, la forêt dense, le pouls qui se hâte pour enfin tracer, se rendre au sommet, contempler la vallée, admirer l'incommensurable, sourire. Suivre des yeux cet oiseau majestueux qui zigzague.

Un temps.

Courir.

Se diriger vers le dôme sacré, le Roméo. Se dénuder, s'enfoncer la roche entre les jambes, la sentir bien où elle s'insère, l'embrasser, la lécher jusqu'à en jouir: les pupilles ailleurs. Un pèlerinage charnel, authentique, réel. Le sommet de l'extase, les routes du plaisir, la voie de la jubilation. Se revêtir, chanter le carnaval, manger des tartelettes aux oeufs.

Marcher, marcher, marcher. Et ne jamais penser à demain.



Elle aimait la montagne